jeudi 18 août 2016

Actes symboliques



« Une mécompréhension en appelle d'autres. Le Grand Véhicule, par insuffisante compréhension du travail authentique de l'esprit (ce qui ne fut évidemment pas le cas de Bouddha) en arrive à justifier les superstitions les plus insensées, par exemple les moulins à prière. Matthieu Ricard les défend en disant « que ces coutumes sont très éloignées de la superstition. Elles reflètent simplement la richesse des moyens mis en œuvre par le bouddhisme pour raviver sans cesse notre présence d'esprit... Ces coutumes sont des supports extérieurs permettant aux croyants de se relier à une vérité intérieure, les fidèles tibétains sont conscients, lorsqu'ils offrent des milliers de lampes à beurre - l'équivalent des cierges - que le symbole de la lumière est celui de la connaissance qui dissipe les ténèbres et leur prière sera : puisse la lumière de la connaissance surgir en moi et en tous les êtres »

Au lieu de souhaiter que la lumière se fasse en soi en utilisant des lampes à beurre, ne vaudrait-il pas mieux, même en sachant que les lampes à beurre sont le symbole de la lumière, élucider ce qui se passe en soi ? Aucun acte symbolique ne peut remplacer le travail d'élucidation. Tout acte symbolique n'est, à notre époque qu'un symptôme d'impuissance de l'esprit
. »

L’esprit en question, Jeanine Solotareff, Ellébore, p. 121

Advayavajra dans son commentaire du Dohākośagīti de Saraha :

« Si l'on accède à la vue juste (S. samyakdṛṣṭi T. yang dag pa'i lta ba), on n'a pas besoin de représentations (S. ākāra T. rnam pa) tels les cultes (S. puja), la Lumière et le rayonnement (S. prakāśa T. 'od gsal), la vacuité, le régime non-discursif (S. avikalpa). Et si l'on n'a pas besoin [de représentations]
།མར་མེ་ཅི་དགོས་ལྷ་བཤོས་དེ་ཅི་དགོས།
A quoi bon des lampes à beurre, à quoi bon la nourriture offerte aux dieux ?
Si l'on voit la réalité telle qu'elle est (S. yathā-bhūta T. yang dag pa'i ji lta ba), pas besoin de mantras[1] extérieurs, c'est-à-dire les mantras de dieux courroucés, ni de mantra intérieurs, c'est-à-dire la maîtrise de la conscience (T. sems 'dzin) par celle du mouvement de l'énergie (S. prāṇa), ni de mantras secrets, c'est-à-dire de protection du mental. Que ferait-on de tout cela ? [239] »

***

[1] "Les officiers de Śiva sont des « Mantras ». On nomme ainsi ces âmes divines, car dans les rituels, elles sont invoquées sous la forme de formules sonores que l’on appelle justement des mantras." D. Dubois