vendredi 16 août 2013

La science des astres


La science astrale[1] (jyotiṣa/jyotirvidyā/jyotiḥśāstra) de l’Inde fut considérée comme une science auxiliaire des Vedas. Elle se divise selon le Bṛhatsaṃhitā de Varāhamihira (505-578) en trois parties : l’astronomie mathématique (gaṇita), l’astrologie ou horoscopie (horā) et l’astronomie naturelle (saṃhitā). Varāhamihira avait écrit une œuvre pour chacune de ces trois catégories, respectivement intitulées Pañcasiddhāntika, Bṛhajjātaka et Bṛhatsaṃhitā. Son œuvre est restée la référence en matière de science astrale indienne jusqu’à nos jours.

Le mathématicien et connaisseur de l’astrologie indienne David Edwin Pingree (1933-2005) la divise en quatre périodes, selon l’origine des connaissances :

1. Védique (1000-400 av. J.C.), Aryen/Indo-Aryen/Indo-européen
2. Babylonien (400-200 av. J.C.) : Vedāṅgajyotiṣa
3. Gréco-Babylonien (200-400) : Yavanajātaka
4. Grèque (400-1600) : Āryabhaṭīya.
V. Islamique (1600-1800)

Certains[2] contestent l’importance de l’influence étrangère en avançant l’existence de connaissances astrales indigènes. Mais généralement, il est admis que les Grecs tenaient leurs connaissances en sciences astrales des Babyloniens et des Égyptiens. C’est par le biais du bouddhisme que la science astrale indienne est parvenue en Chine. Les traductions en chinois entre le 2ème et le 10ème siècle en témoignent.[3]

« Le citoyen Dupuis a recueilli tous les noms et les emblèmes divers que l’on a appliqués à ces anciennes constellations dans les différents temps et chez les différents peuples connus, et toutes les histoires héroïques et théologiques dans lesquelles elles se trouvent mêlées. Il a fait une première remarque, c’est que ces étoiles ne présentaient à la vue aucune forme qui ressemblât aux figures bizarres par lesquelles on les désigna. Ces figures ne sont donc pas données par la nature ; d'un autre côté, il n’est pas possible qu’elles aient été prises arbitrairement.

Il est donc raisonnable , surtout quand on connaît le goût des anciens et spécialement des Orientaux pour l’allégorie , et l’usage qu’ils faisaient de l’écriture hiéroglyphique , de conclure que ces figures sont dès caractères symboliques, de vrais hiéroglyphes. Le citoyen Dupuis n’a pas désespéré d’en deviner le sens , au moins pour les constellations zodiacales. Il a conçu qu’ils devaient peindre les différents états de la nature pendant le cours de l’année , pour le climat et pour le temps où ils ont été inventés. Il a observé que tous les peuples anciens portaient surtout leur attention sur les points solsticiaux et équinoxiaux, et que plusieurs, et notamment les Egyptiens commençaient leur année au solstice d’été. Il a remarqué de plus , que par l'effet de la précession dès équinoxes, qui est d’environ 50° de degré par an , chacune de ces constellations, dans l’espace de 25.773 ans, occupe successivement tous les points de l'écliptique , en sorte que tel emblème qui n'a aucun sens dans une époque de cette période, en a beaucoup dans celle qui lui convient. Il ne s’agissait donc que de les remettre à leur vraie place. Pour y réussir il n’a pas craint de se reporter au temps où la constellation du capricorne se levait avec le soleil le jour du solstice d’été. Cet animal qui aime à être toujours sur les endroits les plus escarpés, lui a paru l’emblême naturel du moment où le soleil est le plus élevé sur notre hémisphère. Le verseau et les poissons sont les signes naturels des inondations. Le bélier figure bien le temps où on peut faire sortir les troupeaux à la tète desquels il marche toujours. Le taureau marque le moment du labourage. Les gémeaux n'ont point un sens aussi marqué ; mais l’écrevisse, par sa démarche oblique, désigne très bien le solstice d’hiver, où le soleil commence à rétrograder vers nos climats. Le lion peint sa force renaissante. La vièrge tenant des épis, est le tableau des moissons. La balance, symbole de l égalité, est celui de l’équinoxe de printemps. Le scorpion représente les maladies qui suivent les chaleurs, et le sagittaire, le temps des expéditions guerrières. Or tout cela ne convient à aucun autre climat qu'à celui de l'Egypte, et convient parfaitement à ce pays-là où le Nil déborde en juillet jusqu’à la fin de septembre , où on laboure en novembre et où on récolte en mars. Le citoyen Dupuis a donc été conduit à placer l'invention des signes du zodiaque dans la Haute-Egypte ou en Ethiopie; et en cela il est d'accord avec le témoignage de toute l’antiquité ; et à déterminer l'époque de cette invention à environ quinze à seize mille ans avant le temps où nous vivons. Il aurait pu la rapprocher de nous de la moitié de la grande période des fixes , c’est-à-dire , de près de 15.000 ans , en supposant que ces astres déterminaient les saisons par leur lever du soir au lieu de celui du matin. Cette hypothèse m’aurait plu assez ; car il me parait naturel de penser qu’on a déterminé la position des étoiles d’après le lieu où elles sont pendant la nuit lorsqu’on les voit elles-mêmes, avant de calculer celui où elles sont pendant le jour, lorsque le soleil le dérobe à nos yeux. Cependant le citoyen Dupuis préfère la première supposition. »

…/…

« C’est ce petit nombre de vérités simples que le citoyen Dupuis à établi par toute la puissance de la raison la plus saine et de l’érudition là plus vaste. Il ne les a point créées, car les vérités sont éternelles. Il les a saisies, s’en est emparé, et en a conclu que les divers aspects du ciel dans les différents temps, donnaient la clef et l’explication de toutes les fables mystiques. D’autres avaient déjà conçu cette idée ; lui, le premier, l’a démontrée. Il en a fait de belles et nombreuses applications , et il nous a donné les moyens d’en faire tous les jours de nouvelles. Plus on en fera, plus on verra que toutes les théologies et cosmogonies ne sont que des allégories que nous avons eu la stupidité de prendre à la lettre , comme si, quand on nous dit qu'une femme est dans son printemps, nous comprenions que c’est actuellement le mois de germinal pour elle, quoique nous soyons au mois de frimaire. »

Signe
Français
Sanskrit
Tibétain
bélier
meṣa
lug
taureau
vṛṣa
glang
gémeaux
mithuna
‘khrig-pa
cancer
karkaṭa
ka rka ta
lion
siṃha
seng ge
vierge
kanyā
bu mo
balance
tulā
srang
scorpion
vṛścika
sdig
sagittaire
dhanvin
gzhu
capricorne
makara
chu srin
verseau
kumbha
bum pa
poissons
mīna
nya

« Ces signes sont des secteurs réguliers de 30°, conventionnellement décomptés à partir du point vernal. Ils n'ont dès l'origine qu'un rapport lointain avec les constellations du même nom, dont les limites et positions sont irrégulières. De plus, ce rapport s'est constamment distendu au fil du temps, du fait de la précession des équinoxes. Les signes du zodiaque dit tropique/tropical (du grec "tropikos", qui tourne) ne doivent donc pas être confondus avec les constellations du même nom, qui appartiennent au zodiaque dit sidéral. » (Wikipedia)

A cause de la méconnaissance du phénomène de la précession, les tibétains, qui se basent cependant sur le système du Kālacakra Tantra, ont adopté un zodiaque sidéral, ce qui a eu pour conséquence de nombreuses réformes de calendrier.[4]

Le site très informatif d’Edward Henning mentionne d’ailleurs la déclaration du Dalaï-Lama, il y a quelques années à Dharamsala, de ne pas croire en l’astrologie.[5]

Article de Jeffrey Kotyk / Shakya Indrajala sur l'astronomie et l'astrologie dans le bouddhisme
Glossaire de termes astrologiques tibétains
Site d'Edward Henning

***

[1] Astronomie et astrologie

[2] Bill M. Mak, Richard Thomson…

[3] Bill M. Mak

[4] « There have for many centuries been obvious differences between the results derived from the calculation of Tibetan calendars and the position of the Sun, Moon and planets in the sky, and the timing of celestial events. This is one reason behind the variety of calendars that have been created. The Phugpa is the most popular today, and some still use the Tsurphu system, but there have been many others. The main problem has always been the need to reconcile the Tibetans' understanding of the calculations given in the Kālacakra system and the motions of heavenly bodies as observed by the Tibetans. In general, the Tibetans have struggled as a result of not understanding the nature of precession – not even acknowledging its existence. As a result they have effectively assumed a sidereal zodiac, not realising that such an approach is in direct contradiction to the methods given in the Kālacakra literature.
Indeed, they have tried to follow those methods, and have taken solstice measurements in order to determine the longitude of the Sun, but have done so with a mistaken understanding that the zodiac is fixed in the visible stars. These are ultimately irreconcilable, and the Tibetans will continue to have problems with their calendars and introduce errors into them until they accept the reality of precession.
There have therefore been many attempts since the first calendars based on Kālacakra were introduced into Tibet to improve on the calculations and reform the calendar. Ironically, the only one that actually used the method of the Kālacakra without twisting it to suit mistaken views on the nature of the zodiac was Zhonnu Pal's, back in the 15th century. As far as I am aware, there has been no similar attempt since that time. But reforms have kept coming. » Edward Henning

[5] Edward Henning

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