Extrait de Manimekhalai ou le scandale de la vertu, traduit par Alain Daniélou (pp. 176-177)
« Le fameux génie [kṣetrapala G. Herma] apparut alors devant elle et lui dit :
“ jeune femme pareille à une liane ! Je crois que tu n’as pas compris le sens des paroles du barde divin lorsqu’il dit que les nuages de pluie obéissent aux ordres de ces femmes qui, même si elles ne vénèrent pas les dieux, n’entreprennent leurs travaux quotidiens qu’après avoir vénéré leur époux. Tu es habituée dans la vie à croire à des légendes et tu te complais dans de ridicules histoires. Ta dévotion envers les dieux consiste surtout à aller dans les fêtes, où sonnent les tambours aux peaux tendues par des lanières, pour entendre de la musique et regarder des danses. De plus, tu vénères bien d’autres dieux que ton époux. Ne te fais donc pas d’illusions, brave femme ! Tu n’as pas le pouvoir de commander aux nuages ni de réduire en cendres le cœur des étrangers qui s’éprennent de toi. Il te faudra changer toutes tes habitudes si tu veux que la pluie obéisse à tes ordres. La corde que je tiens ne servira pas à te lier et mes armes ne te puniront pas ainsi qu’il advient aux femmes qui se laissent aller à toutes leurs fantaisies. Tu n’as pas à te reprocher la méconduite du prince. La loi donne au roi sept jours pour rendre la justice et pour châtier [177] les criminels. S’il manque à ses devoirs, c’est à moi que revient la tâche de punir les coupables. Jeune femme pareille à une liane ! Ne t’inquiète pas. Dans sept jours, à partir d’aujourd’hui, le roi Kakanda, quand il apprendra la méconduite de son fils, et si celui-ci n’a pas su se défaire du désir que tu lui inspires, le fera mettre à mort. »
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