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vendredi 23 août 2013

Quelques principes de l'astrologie


Les anciens ont fait de ces deux parties de l’univers deux causes distinctes concourant perpétuellement à la production de tout, l’une comme active, l’autre comme passive; l’une comme mâle, l’autre comme femelle. Ils ont établi leurs limites vers la région de la lune. Ainsi le ciel, l’éther, le feu céleste et pur, le soleil et les astres ont fait partie de la cause active et mâle, la terre, la matière grossière etc. sublunaire, les éléments ont été regardés comme la cause passive et femelle. Ce dogme a été universellement répandu dans l'antiquité.

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C’est cette union , ce mariage des deux causes que l’on a voulu célébrer, en figurant partout, portant en cérémonie, et offrant à la vénération des peuples la représentation des parties de la génération des deux sexes. Cette idée a passé de la philosophie dans la religion, ou plutôt lui a donné naissance. On est tout près de la crédulité quand on raisonne d'après des hypothèses. Elle a fait la base de toutes les cosmogonies et théogonies. Celle des Hébreux attribuée à Moïse, celle des Phéniciens attribuée à Sanchoniaton, celle des Grecs composée par Hésiode, celles des Égyptiens, des Atlantes, des Crétois, rapportées par Diodore de Sicile, les fragments de celle d'Orphée, le boundesh des Perses, les livres des Indiens, les traditions des Chinois, des Macassarois, etc. etc. Enfin toutes les Genèses sont fondées sur ce dogme.

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[Dupuis] donne en passant beaucoup d’exemples d’attributs et d'aventures de dieux et de déesses qui s’expliquent par ce moyen. Le soleil et la lune, comme plus remarquables, se représentent sous mille formes. Le premier est ici Ormusd, là Osiris, ailleurs Jupiter, etc. etc. Suivant les temps, il est enfant au solstice d’hiver, et s'appelle Orus et Harpocrate. Il est Apollon, Adonis, Atis, Bacchus, sous la forme d’un jeune homme au printemps ; Jason, Hercule, homme faits en été ; Esculape, vieillard en automne. Apis et le taureau de Mithra sont ses attributs quand l’équinoxe venait au signe du Taureau; il eut des cornes de bélier quand il vint au Bélier ; c’est Jupiter Hammon. C’est ainsi que la lune s’appela Isis, Diane / Hécate, et eut mille aventures auxquelles nous ne nous arrêterons pas, parce que nous les retrouverons dans un ordre plus suivi, quand nous verrons les applications du système de notre auteur, à l'explication des anciens poèmes. Quant à présent, notre objet est de remarquer les positions et les rapports, des astres à l’égard du soleil et de la lune , qui les feraient regarder comme concourant à leur action , c'est-à-dire à celle de la cause active du monde , qui les faisaient appeler Astres paranatellons, et qui les faisaient, en cette qualité, figurer dans les fables.

Dans le chapitre précédent nous avons déjà parlé des principales de ces circonstances, telles que les divers levers et couchers, les passages au méridien, etc. etc. Celles-là sont données par la nature. Mais il est bon de savoir que les astrologues en avaient imaginé qui n’ont de réalité que dans leurs cerveaux. Par exemple, ils avaient rêvé de faire du Lion, roi des animaux, le domicile particulier du Soleil, et du Cancer qui est auprès de lui, le domicile de la Lune, ces deux signes étant les plus élevés du zodiaque. Ensuite ils avaient donné à Mercure, comme la planète la plus proche du Soleil, les Gémeaux et la Vierge ; et de suite, suivant l’ordre des distances, à Vénus, le Taureau et la Balance ; à Mars, le Bélier et le Scorpion ; à Jupiter, les Poissons et le Sagittaire ; et à Saturne, le Verseau et le Capricorne. Cela explique pourquoi le fameux Bélier à toison d'or, qu’on nous dit placé dans les signes célestes , était suspendu dans le temple de Mars : pourquoi ce fameux dragon de Camus , qui est le serpent du serpentaire placé sur le Scorpion , est censé habiter près d’une fontaine du dieu Mars : pourquoi la Vénus phénicienne avait une tête de taureau ; pourquoi la Diane d'Éphèse avait sur la poitrine la figure d'un cancer : pourquoi Horus était soutenu par des lions : pourquoi le premier mois de l’année des Romains , celui de Mars , était consacré à Mars , le second à Vénus ; le troisième à Mercure , le quatrième à la Lune , et le dixième à Saturne, etc. etc. Les astrologues avaient aussi déterminé, je ne sais sur quel fondement, un point pour chaque planète, qu’ils appelaient le lieu de son exaltation, où elle était censée jouir de toute sa puissance. Ce lieu était, pour le Soleil, le 19ème degré du Bélier ; pour la Lune, le 3éme du Taureau ; pour Mercure, le 15ème de la Vierge ; pour Vénus, le 27ème des Poissons ; pour Mars, le 28ême du Capricorne ; pour Jupiter, le 15ème du Cancer ; et pour Saturne, le 20ème de la Balance. Les fêtes des anciens Sabéens se fêtaient quand l'astre était dans son exaltation ; de là la Pâques. Celles des Romains étaient en général fixées d’après le domicile. Enfin on avait divisé chaque signe du zodiaque en trois décans, en trois parties de dix degrés chacune, à laquelle répondait celle des trente-six Constellations extra-zodiacales qui se lève en même temps. On imagina de donner la présidence de chacun de ces décans à un des dieux-planètes successivement, en commençant par le premier décan du Bélier et Mars qui y a son domicile, recommençant toujours par Mars , et finissant par lui au trente-sixième décan , en sorte que chaque planète en avait cinq et Mars six.

Cette distribution parait postérieure et être du temps où l’équinoxe arrivait au Bélier. Elle a donné lieu à bien des fables. On avait aussi attaché à chaque signe du zodiaque, un des douze grands dieux ; au Lion , Jupiter ; à la Vierge , Cérès ; à la Balance , Vulcain ; au Scorpion, Mars ; au Sagittaire , Diane ; au Capricorne, Vesta; au Verseau, Junon; aux Poissons Neptune; au Bélier, Minerve; au Taureau, Vénus ; aux Gémeaux, Apollon ; au Cancer , Mercure : ou plutôt on avait fait une intelligence , un génie de chacun de ces signes. On a été depuis jusqu’à donner un génie particulier à chaque degré du zodiaque. Où ne va-t-on pas quand on se permet les suppositions ? Et peut-on être surpris de la déraison universelle, quand l'esprit humain part de choses supposées comme de choses prouvées? La connaissance de toutes ces rêveries sert à deviner bien des allusions, qui, sans cela, seraient inintelligibles. Mais en voilà assez sur la cause active ; passons à la cause passive.

Extrait de chapitre 4 de l'Analyse raisonnée de l'origine de tous les cultes, ou Religion universelle par Antoine Louis Claude Destutt de Tracy

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